mercredi 12 mars 2014

Retrouver l'instinct un instant
Retrouver la colère ou l'humeur du moment
Retrouver la couleur du dedans la jeter au dehors
Dévorer l'air de rien les nuages d'avenir qui se dessinent chemin faisant
Favoriser le mouvement l'entente le son de sa voix qui fait trembler les sonotones
Regarder par les embrasures de sa mémoire parce qu'il est minable d'oublier se rappeler
Rappeler les bruits qui courent ramener la lumière en ouvrant la porte fenêtre et cligner cligner
Promettre rien de moins rouler loin à vélo sortir comme on sort les draps sortir des draps sortir drapé
Draguer le printemps draguer l'automne draguer l'hiver l'été durcir les rapports contre soi respirer frais
Rouler dans l'herbe sur la route l'autoroute à moto à pied rouler à pied rouler rouli roula comme on pourra

mardi 12 février 2013

je cherche ma maison
dans l'une je suis fils
dans l'autre je suis frère 
dans une autre je suis rien ni personne
dans une autre maison
je suis un ex-mari
dans une maison
je pourrais être père
je pourrais être mère
je pourrais être l'ami de la mère
je pourrais être amer
je pourrais me rouler là par terre
tout le monde s'en foutrait
je cherche une maison
qui ne soit pas la mienne
parce qu'ici c'est trop sombre
c'est aussi seul sur terre
c'est un nid, c'est un fief mais c'est une garçonnière
je cherche le soleil 
par la porte, par derrière
par devant sur le sol
tout baigné de lumière
un endroit où j'existe
où enfin je suis fier
sans la honte sans le coeur
pris dans une muselière.

lundi 10 septembre 2012

mais la nuit est tombée
monotone
et le loup en chaussettes pleurait quand même un peu moins fort
ça devenait supportable
ça s'appelait l'automne
de notre échappée belle
ça ressemblait au virage impossible
celui dont on ne sortira jamais
qu'on passera sans encombre
même de nuit, de neige, ou de verglas
et puis non,
en plein été de lumière et de chaud,
la vie a changé et les ombres ont posé leurs valises
il était temps de s'avouer vaincu
de se préparer au pire
de regarder la face du nord-ouest de l'himalaya là dans les yeux
c'était sincèrement trop dur
mais que se passerait-il honnêtement?
les yeux n'allaient pas rouler là par terre dans la poussière
le bras ou l'oreille ne se couperait pas tout seul
alors c'est arrivé
inéluctablement
de peur, de nostalgie, mort
tout de suite soudainement
déçu pour tout notre restant
défiguré
menti
promesse reprise, oubliée
t'as trahi, t'as fui, t'es partie,
t'es allée dans l'abîme du médiocre
t'as fracassé nos vies
comme on dit oui à sa mère
et bien crevez ensemble
et laissez moi pleurer sur mon bonheur perdu

mardi 13 mars 2012

mille, deux mille, trois mille
quatre mille fois
je serai indescriptible,
impeccable, immanquable,
irréprochable,
là.
mille, deux mille, trois mille
quatre mille fois
je serai ta honte
de me voir accroupi
vomissant mes noirceurs
ma bile éclaboussante,
sale.
souviens-toi, si tu veux,
que tu m'aimes,
que notre pacte est fort,
par dessus tout.
qu'il s'exerce malgré nous,
malgré l'humanité, le ciel
les astres.
on s'est choisis c'est l'ordre dans
le désordre des choses
et du monde, c'est ainsi
que nous parvenons à marcher,
à vivre, à respirer.
mon amour, mon amour, mon amour

mardi 15 novembre 2011

je vois le lac salé
c'est la vallée dévisagée de la mort
le retour vers mes os
je me secoue, la poussière tombe de mes bras de mes jambes
sûrement quelque chose s'en va
toujours c'est comme ça que ça passe
comme ça qu'on se passe
je ne laisse plus mon visage faire la moue
j'ai cherché les coups
au jeu de quilles
j'ai fait le chien
ce qui reste encombre
ce qui reste sombre
ce qui reste lutte
ce qui reste sort
c'est comme ça que ça passe
c'est comme ça qu'on remue
ne reste rien
ni lumière ni ombre ni crainte
ni peine ni peur ni mort
un coeur un jour
d'autres réussiront

mercredi 28 septembre 2011

plus jamais je n'irai mon amour
te retrouver
plus jamais tu n'oseras me l'écrire
me le dire me donner
ton amour
plus jamais de ma vie il n'y aura
ton regard ton silence ta présence
ta main
plus jamais sous tes doigts ma peau
se glissera
plus jamais ton besoin
ne serai
plus jamais mon coeur
calmé
auprès de toi

tu ne m'aideras plus à vivre
à être là
à supporter le monde
c'est trop dur
comment faire comment vivre?
comment conjuguer sans toi
espoir ou avenir?
c'est la fin de l'amour
plus jamais mon destin ne sera
mon destin

mardi 27 septembre 2011

le ciel respire
mieux que moi
le courage revient
mes lèvres gercées
fendues
laissent passer le sang
qui coule
sur la peau
dans les veines
dans mon coeur
je revis
je revois
je respire
je crois
que demain
peut rire
peut voir
peut croire
peut rêver
j'ai la force de vie
je suis un arbre
le sais-tu?
je travaille du chapeau
mais je vous parle aussi
je rendrai ce que j'ai pris
je donnerai
je m'oublierai enfin
je le promets
je suis un arbre
le savez-vous?
je respire
le sang me bat les tempes
la lèvre est coupée le sang coule
l'amertume file
on dirait que je marche
je peux marcher
je suis un arbre qui marche

mercredi 21 septembre 2011

je suis un fêtu de paille
sur le caillou flottant
au vent je vole
mon cou mes yeux
se contorsionnent
pour garder tout
de l'aventure
le temps me sépare
du début de la fin
le soleil est rare
vivre vivre
je vole
désormais sans toi
c'est injuste
c'est la vie
l'amour
les larmes
les tournesols
tournent aussi
leurs yeux leurs cous
voient-ils davantage de chaleur
que mon coeur fatigué
par le heurt
du chemin?

jeudi 1 septembre 2011

les jours passent mon coeur saigne
le soleil se lève et se couche la lune se lève et se couche
hier encore tu disais je t'aime aujourd'hui tu hésites
toute l'eau de mon corps se fige et glace
les larmes ne veulent plus couler
je fais le noir sur les images rêvées
je fais le silence sur la petite musique de vie imaginée
je peux glisser et mourir maintenant
il aura bien vécu on dira

dimanche 7 août 2011

On s'est laissé laisser pour mort
le coeur ne bat plus que pour animer les jambes et les coudes
l'été s'en fiche il cuit il brûle
on est solitaire plombé mou et liquide
rien d'autre à faire qu'à se haïr
à scruter chaque coin chaque image chaque marque
chaque photo comme une cicatrice
on souffle on suffoque près du gouffre
où on glisserait tranquillement
hier juste avant le souffle
arraisonnait le dedans et l'ailleurs
les promesses l'avenir
il s'est évanoui et on est soi sans l'autre
petite flamme fragile promise morte
au premier ciel d'automne
j'appartiens
à quelqu'un
ce quelqu'un
qui est loin
est-il toi?
je pense que
je ne veux pas
qu'on m'aide
à le supporter
je veux seulement
te rejoindre
j'ai la chance
pourtant
d'habiter
le même ensemble
que mon amour
pourquoi accepter
ton absence?
pourquoi
me laisserais-je
ignorer
ce qui bat
sous ma peau?
j'essaie
de chercher
à comprendre
je pense
à elle
perdue et isolée
abandonnée perdue
je rêve je veux
je vois
le jour où
les mains dans la terre
nous respirerons
nos vies

jeudi 30 juin 2011

le soleil et le sel
sont les goûts de ta peau
et je laisse mes cils
découvrir
entrouverts
les perles d'océan
que sont tes yeux mi-clos
alanguis près de moi
et rien n'a d'importance
ni lune ni soleil ni nuit
la vie avance
comme elle veut
tant que de toi
je respire la peau
couvé par ton regard
à l'inconnue qui habite mon coeur
aux yeux sans visage
imaginés j'envoie
les mots d'amour
désire-moi
espère-moi
existe et crois
existe et sois
tu verras
tu verras

où?

je te regarde mais tu n'es pas
je te désire du fond de mon silence
j'invente ta photo
la solitude de mes angoisses nues te crée jour après jour
je meurs de ton absence
me parleras-tu depuis ton noir?
l'un l'autre nous sommes
où te chercher sirène?
es-tu loin dans l'ailleurs ou près dedans mon sein
toute cachée par nos visages?

la vie

depuis que je travaille au courrier
j'ai cessé d'en recevoir
depuis que nous avons coupé le poirier
il n'a pas cessé de pleuvoir
depuis que je t'ai téléphonée
tu ne veux plus me voir
et depuis que je tombe dans les escaliers
j'essaie d'arrêter de boire

je rêve d'alambics et de danseuses hindoues
de cithares enivrantes et de déserts brûlants

soleil trompeur

il a fait beau aujourd'hui mais ça ne fait pas tout
il a fait beau mais il n'a pas fait chaud
quelques pages, deux cafés, une boulangerie vide, et un film
lent sur une télé noir et blanc de la taille d'un dé
je suis moitié perdu moitié vivant
j'ai froid, je fais des pompes pour me réchauffer
je mange du taboulé, je fume des cigarettes
je bois de l'eau

mardi 21 juin 2011

nature

la terre a touché mes phalanges
et peut-être mes lèvres
je retourne à travers la résine
l'écorce l'écureuil l'oiseau
je te traverse en paix
à l'exacte température
je vais vers toi
mes jambes inventent tes empreintes
tu es là peut-être tu reviens aussi
je te respire
tu te vêts de ma peau

vendredi 17 juin 2011

bleu

j'ai mis pour dormir ma couverture bleue histoire d'avoir le coeur au chaud
mais tu n'étais pas là et le froid m'a cueilli
désarmé inutile sans défense et sans but
presque sans vie
sans toi
je me suis couché malgré tout
mon corps était manchot
mes yeux étaient aveugles
ils leur manquaient les tiens que j'aime que j'adore
quand tout profondément ils s'ancrent dans les miens
candides incertains fragiles
puits infini de ciel de mer et de corail
vérité absolue incroyablement bleue

jeudi 16 juin 2011

dedans

il peut pleuvoir maintenant que l'abîme est ouvert
il peut neiger quand bon lui semblera
il peut flamber le rayon délirant et nous brûler autant qu'il veut
il peut nous arriver enfin notre destin
parce que l'essentiel s'est vécu
l'expérience est donnée prise accomplie donnée
c'est écrit c'est fait c'est pour la vie pour après pour toujours pour nos âmes
c'est pris
en dedans
en nous
en toi
et en moi
rien ni personne jamais ne le prendra

lundi 30 mai 2011

il fumait des juin mais avril est passé plus tôt que prévu ce printemps-là

Le vent lui dira la route,
j'irai encore à la gare,
je plisserai les yeux,
je prendrai la moto,
je la croquerai cette cerise épaisse,
le noir du café entrera dans mon corps comme l'encre de seiche qui fait les spaghettis du sud,
je m'allongerai par terre et ce sera doux, et mouillé, et chaud, et très inquiétant,
comme toi,
qui me chavire et me perd,
et m'espère, et me perd,
et l'ombre nous sauvera,
elle sert à ça,
j'y serai à la gare à attendre,
sous l'ombre justement, à son abri,
je serai à sa main,
comme à la tienne,
à la botte on dit,
il est à ma botte,
toi tu es à ma main,
et je tiens la tienne,
et je glisse sans bouger
dans ta langueur,
dans ton abîme,
dans l'abri que tu m'es,
dans ton ombre.